Erreurs et imprécisions d'A. ROUSSET concernant Brainans

dans son ouvrage sur les communes du Jura édité en 1854 (I)

par François BRENIAUX (Massy-91)

(Texte original de Rousset en italique)

"Ce village se forma à l'est de la voie romaine venant de Bersaillin, que nous avons signalée dans la notice sur ce dernier lieu. Plusieurs climats du territoire semblent par leurs noms rappeler le souvenir de l'époque gallo-romaine. Tels sont ceux appelés en Saint-Germain, à la Vie, les Chazeaux Perraud, en Chante Merle, au Murger, à la Châtelaine, Sous-la-Ville. On est autorisé à croire qu'une ou plusieurs villas étaient bâties dans cette contrée. Le passage des Sarrazins est attesté par plusieurs dénominations, telles que la Pièce sarrasine, la Vie sarrasine".

Il ne s'agit en fait que d'un chemin médiéval comme l'a montré Rita Compatangelo dans une publication en 1985. Rien ne permet également d'affirmer que les lieux-dits renvoient particulièrement à cette période gallo-romaine, sachant qu'aucune trace de villa romaine n'a été découverte sur le territoire de la commune à ce jour, qui était certainement recouvert de forêt à cette période. Ceci contraste avec les localisations d'importantes villas romaines avérées dans les environs (Tourmont, Saint-Lothain, Buvilly) au milieu d'espaces de cultures défrichés et organisés selon un format géométrique. Concernant les Sarrazins, il convient d'être prudent, il semble qu'au XIVème siècle, une famille noble du nom de Sarrazin avait de nombreux intérêts dans la région, et en particulier sur Brainans (traces existantes aux archives du Doubs), ils ont pu laisser leur nom à certaines parties de la commune.

"Le premier titre historique qui nous révèle le nom de ce village est de l'an 1111; c'est la bulle par laquelle le pape Innocent II confirma à l'abbaye de Baume, la possession de l'église de Brunens, fondée probablement par les religieux de Saint-Lothein. En 1198, Hugues de Mont-Didier, chevalier, frère d’Aymon de Vaudrey  renonça à toutes ses prétentions sur les biens de l'Abbaye de Rosières, situés à Brainans. Cette donation est une preuve de plus que les sires de Vaudrey ont possédé la seigneurie de Bersaillin, à l'époque citée par l'historien Gollut".

Comme évoqué dans l'article "Brainans et Brunens", la première bulle citant le nom de Brunens date bien de 1111, mais correspond à une charte de l'Archevêque Guillaume de Besançon conservée aux Archives de Montmorot et non d'Innocent II qui a été pape 19 ans plus tard. Il n'est pas avéré également qu'il s'agisse de Brainans, ni que les religieux de Saint-Lothain soient à l'origine de la fondation du village, surtout que Brainans a été sous le patronage de l'abbesse de Saint-Jean le Grand d'Autun au moins depuis le début du XIIIème siècle.

Quant à la renonciation de 1198, elle concerne le village de Brenans, disparu et devenu un corps de ferme situé sur la commune de Ounans et non Brainans, ces fermes ont dès lors été une dépendance de l'abbaye de Rosières (page 96-97 de l'Histoire généalogique des Sires de Salins de Guillaume publié en 1757).

Enfin, les sires de Vaudrey n'ont pas possédé la seigneurie de Bersaillin comme l'insinue Rousset. Seul Adrien de Vaudrey a été seigneur de Bersaillin grâce à son union à Anne de Villafans, ce couple étant rendu célèbre par leur magnifique tombeau visible en l'église de Bersaillin. En fait, ce village dans lequel avait été édifié un château appartenait à la Terre de Colonne, propriété du Comte de Bourgogne dès le haut moyen-âge jusqu'en 1358, où une seigneurie apparue, tenue en premier lieu par la famille de Tourmont, puis par la famille de Vuillafans par mariage. La seigneurie et le château ont ensuite été vendus à deux reprises, la dernière vente ayant été faite à la famille Froissard en 1585.

                                                                                                                                     A suivre ...